SAINT-ANDRÉ. Le 13 août dernier, ce septuagénaire avait traîné son chien attaché à l’arrière de la voiture sur près d’un kilomètre. Jugé pour acte de cruauté envers un animal, il écope de prison avec sursis et d’une interdiction à vie de posséder un animal.
Interdiction définitive de posséder un animal.
La sanction complémentaire, rarissime, a été prononcée hier à l’encontre d’un septuagénaire de Bras-Panon, condamné pour actes de cruauté envers sa chienne à six mois de prison avec sursis et 500 euros d’amende.
Le 13 août dernier, en pleine journée, Célestin N., 79 ans, est pris à partie par une foule d’habitants de Saint-André ( La Réunion) alors qu’il traîne à l’arrière de sa voiture une jeune chienne Royal Bourbon attachée par une chaîne. L’animal, tiré sur près d’un kilomètre, est en sang, des lambeaux entiers de peau arrachés par le bitume.
Le vieil homme se réfugie à l’intérieur du commissariat, où les policiers le mettent en sécurité. Puis, constatant l’état du chien, le confient aux soins d’une association et demandent à son propriétaire de revenir pour être entendu le lendemain.
Sa première audition étonne.
Célestin N. explique venir s’occuper deux fois par jour de cette jeune chienne baptisée Doune, qui garde la cour d’une maison inhabitée qu’il possède en indivision Cité Lamarq. Il raconte que ce jour-là, il a été pris à partie par deux hommes qui buvait dans le bar voisin de la maison. De peur, il serait monté à bord de son véhicule et aurait roulé vers le commissariat, « oubliant » que le chien était à l’arrière.
Une version finalement jugée peu crédible, d’autres traces d’abrasion plus anciennes étant visibles sur le chien. Le retraité, finit par reconnaître qu’il lui arrivait de « promener son chien » en l’attachant à la voiture, est renvoyé en correctionnelle pour acte de cruauté envers un animal.
Mais hier, à l’audience, l’homme revient à sa première version. Il était en danger. Des gens en avaient après lui. La police n’est pas venue à son aide quand il a appelé.
« Une version encore plus détestable » pour la vice-procureure Véronique Maugendre. « À l’entendre, il était seul contre tous, les gens de la cité, la police. Mais l’agresseur c’est bien lui, et la victime cette pauvre chienne.
» Évoquant « une affaire peu classique », pour laquelle le prévenu encourt deux ans de prison, elle s’étonne qu’un Monsieur « arrivé à un âge respectable vienne au tribunal se moquer du monde. » Elle réclame quatre à six mois de prison avec sursis, 500 euros d’amende, et l’interdiction définitive de posséder un animal.
Me Paul Salez en défense souligne que son client n’a jamais eu affaire avec la justice à presque 80 ans. « Il a pu paraître antipathique mais son état de santé s’est dégradé depuis cette affaire. Il venait de Bras-Panon tous les jours s’occuper de ce chien », souligne l’avocat, qui demande à ce qu’on croit à sa version. « Son comportement a été mal interprété. Il était paniqué, cherchait un refuge, il a commis une maladresse », plaide l’avocat, sous le regard scandalisé des représentants d’associations de défense des animaux, venus se constituer partie civile à l’audience (lire par ailleurs). L’avocat demande encore que ne soit pas appliquée l’interdiction de posséder un animal, « alors que cet homme vit seul dans un F2 avec sa femme et son chat. »
Mais la présidente Marie-Annick Rossignol va suivre les réquisitions du parquet. « Ce sont des sévices graves envers un animal. Il y a plusieurs témoignages en ce sens et les blessures anciennes tendent à démontrer que vous aviez l’habitude de ce mode de promenade. »
La peine prononcée, jugée « exemplaire » par les associations parties civiles, risque de faire date.