Peut-on se procurer un lionceau comme un chiot ? Après plusieurs affaires de détention illégale de fauves, certains s’interrogent. Pour comprendre le fonctionnement ce trafic d’animaux sauvages « de compagnie », franceinfo s’est rendu dans plusieurs cirques en caméra cachée. Sous la fausse identité d’un organisateur de soirées privées parisiennes, nous avons demandé s’il était possible de louer un jeune fauve. Verdict : la plupart des gérants de cirques rencontrés proposent de louer leur lionceau sans difficulté.
« Oui bien sûr, on en a fait la semaine dernière justement », répond sans hésiter le responsable d’un cirque installé en Ile-de-France. Le tarif, à régler en espèces « pour ne pas ajouter de TVA », est fixé à 1 500 euros les deux heures. A quelques dizaines de kilomètres de là, au bord d’un rond-point, un autre forain nous propose n’importe lequel de ses animaux, du zèbre au singe. Pas de problème non plus pour un louer un lionceau. « Il faut qu’on reste à côté pour la sécurité, prévient simplement le quadragénaire devant la cage de la jeune femelle. C’est pas méchant, mais on est obligé de la tenir. »
Mais ces locations de fauves, qui semblent ordinaires pour les propriétaires de cirques, sont-elles légales ? « Ce qu’on vous a proposé est illégal« , nous indique-t-on à l’ONCFS, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage. Et pour cause, à aucun moment, les personnes capacitaires des cirques ne mentionnent l’autorisation d’ouverture préfectorale obligatoire pour ce genre de présentation. Avant d’attribuer cette autorisation, la Direction départementale de la cohésion sociale et de la protection des populations peut demander un rapport complet sur les conditions de détention et de présentation des animaux.
Plus globalement, s’il n’existe aucun texte interdisant spécifiquement la location d’animaux sauvages, elle peut poser de nombreux problèmes. « Les règles pour présenter un animal sauvage prévoient des enclos particuliers, qui sont, a priori, incompatibles avec une location en appartement », explique l’avocate Agathe Halkovich. Il serait par ailleurs impossible de faire des photos avec l’animal en laisse, comme cela est proposé par les forains pour ces soirées. « La plupart des animaux dangereux ne peuvent pas être touchés par le public », ajoute Eric Hansen, délégué inter-régional de l’ONCFS. En cas de contrôle, les sanctions peuvent être de nature pénale, avec des poursuites et une amende, ainsi qu’administrative, allant jusqu’à la fermeture de l’établissement pris en faute.