L’expérimentation animale est une mauvaise science: pourquoi existe-t-elle encore ?

 

Pourquoi est-ce que les scientifiques français continuent de réaliser des tests archaïques sur les animaux qui, comme il a été prouvé depuis des décennies, ne sont pas efficaces, alors que des méthodes modernes sans animaux ont permis d’importantes avancées pour la science ? Tribune du Dr Julia Baines, consultante scientifique de PETA Royaume-Uni.

 

Il est honteux que des licences d’expérimentation soient délivrées en France, permettant que des animaux soient ouverts au scalpel ; drogués ; empoisonnés ; qu’on leur endommage le cerveau ; qu’ils soient blessés ; privés de nourriture, d’eau et de sommeil ; inoculés avec des maladies mortelles ; paralysés ; irradiés ; gazés ou soumis à un stress psychologique important, avant d’être tués. En 2016, la plus récente année pour laquelle des chiffres sont disponibles, 1,92 millions de protocoles expérimentaux ont été effectués sur des souris, des rats, des lapins, des chevaux, des chats, des chiens et d’autres animaux, y compris des primates non humains.

En cette Journée mondiale pour les animaux dans les laboratoires du 24 avril, rappelons qu’il existe de meilleurs moyens d’aider les patients humains et d’étudier les maladies que de volontairement blesser et rendre malades des animaux. Par exemple, un rapport académique de 2017 décrit la façon par laquelle des chercheurs de l’Université Paris Descartes ont bloqué exprès les artères de lapins, causant des ulcères partout sur les pattes des lapins et leur provoquant intentionnellement une douleur incessante. Traités comme du matériel de laboratoire jetable, les lapins qui ont survécu à ce protocole ont été tués deux semaines plus tard.

Des tests sur les animaux encore répandus

Et derrière les portes closes de l’École nationale vétérinaire d’Alfort, les chiens subissent d’immenses souffrances. Un article de 2017 rapporte que des labradors étaient délibérément élevés de manière à développer une maladie des muscles paralysante. La maladie progresse en s’aggravant depuis leur naissance jusqu’à ce que les chiens atteignent l’âge de 30 mois. À ce stade, ils ne peuvent plus marcher ni jouer, se fatiguent facilement et ressentent des tremblements. Ces chiens d’ordinaire vifs deviennent trop faibles même pour manger par eux-mêmes.

Un autre rapport de 2017 dépeint l’atrocité d’une étude dans laquelle des expérimentateurs ont injecté des substances dans les yeux de cinq jeunes singes macaques femelles. Ainsi, les rétines des singes se sont détachées lentement pendant sept jours. Tous les singes ont été tués, soit 30 jours soit 90 jours après l’injection.

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Il existe de nombreux autres exemples.

Les scientifiques qui continuent de considérer le « modèle » animal, aujourd’hui dépassé, comme étant la référence en matière de recherche, ne font que gaspiller du temps, des ressources et de précieuses vies – animales et humaines.

Bien que les animaux aient la même capacité à ressentir la peur et la douleur que nous, humains, notre physiologie est complètement différente. Les résultats des tests sur les animaux sont rarement pertinents pour la santé humaine. Plusieurs revues systématiques ont détaillé l’incapacité de la majorité des tests sur les animaux à produire des données qui bénéficient aux humains. Et ce dans les domaines des maladies neurodégénératives, des troubles neuropsychiatriques, des maladies cardiovasculaires… Mais aussi des accidents vasculaires cérébraux, du cancer, du diabète, de l’obésité, des maladies inflammatoires et plus encore. Alors que de nombreux expérimentateurs restent enlisés dans le passé, les humains malades continuent d’attendre désespérément des traitements efficaces.

Des alternatives existent

Heureusement, de bien meilleures options existent. Les scientifiques peuvent maintenant reproduire des organes humains sur des micropuces pour tester l’impact des médicaments en développement. Des modèles informatiques sophistiqués peuvent simuler la progression de maladies dégénératives et prédire avec précision l’effet des médicaments sur le corps humain. D’autres techniques avancées d’imagerie cérébrale peuvent remplacer les pratiques d’expérimentations violentes et primitives qui consistent à délibérément endommager le cerveau d’animaux. Elles permettent au cerveau humain d’être étudié en toute sécurité, même au niveau précis d’un seul neurone.

Des chercheurs de l’Institut Pasteur de Lille ont développé une technique inédite d’interface air-liquide pour tester l’exposition répétée par inhalation aux cigarettes électroniques. Cette méthode sera plus pertinente pour la sécurité humaine que les tests actuellement réalisés sur les animaux, car elle utilise des cellules pulmonaires humaines. Au lieu de forcer des animaux à inhaler des produits chimiques toxiques, les scientifiques de l’Université Paris Descartes ont développé un modèle en 3D de cellules nasales humaines pour modéliser ce qui se passerait dans les voies respiratoires humaines.

Journée mondiale des animaux dans les laboratoires

De plus, des chercheurs novateurs de Paris et de Tunisie ont collaboré pour développer un nouveau modèle cellulaire en 3D pour le glaucome. Plusieurs méthodes non animales ont été développées et validées en France pour les tests d’irritation cutanée et oculaire et de toxicité de corrosion. Elles consisteraient d’ordinaire à appliquer des substances chimiques dans les yeux ou sur la peau rasée de lapins.

En cette Journée mondiale des animaux dans les laboratoires, et pas seulement ce jour, servons-nous de ce que la science a de mieux à offrir, au lieu de continuer à utiliser des animaux terrifiés et malades pour tenter de répliquer le modèle humain. En investissant dans des méthodes non animales innovantes et progressistes, nous obtiendrons des traitements et des remèdes bien plus prometteurs pour l’humain et des méthodes plus efficaces et plus fiables pour l’évaluation de la toxicité, tout en épargnant une souffrance inimaginable aux animaux.

Tribune du Dr Julia Baines, consultante scientifique de PETA Royaume-Uni

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