«Les cas d’obésité ont explosé chez les animaux domestiques»

 

Sédentaires, trop ou mal nourris… la santé des animaux domestiques se dégrade depuis quelques années, marquées par une forte augmentation des cas d’obésité.

Marianne Diez, professeur de nutrition animale des carnivores domestiques à la faculté de médecine de l’école vétérinaire de Liège (Belgique), fait le point sur les différents problèmes de santé de nos chiens et chats et comment ils peuvent être évités.

MARIANNE DIEZ. La santé des chiens et des chats s’est-elle détériorée ?

Nous constatons depuis quinze ans une explosion des cas d’obésité. En France comme en Belgique, au moins 35 % des chats seraient en surpoids et environ 30 % des chiens, ce qui entraîne une diminution de la longévité. Pour les autres animaux médicalisés, leur durée de vie s’est allongée. Je vois par exemple des animaux très âgés, chiens ou chats, qui peuvent souffrir de plusieurs maladies chroniques, comme une insuffisance rénale et un cancer. Nous voyons aussi apparaître des problèmes d’hyperthyroïdie, ce qui était jusqu’ici très rare. Et beaucoup d’animaux souffrent de maladies respiratoires en ville, car ils ont la truffe au niveau des gaz d’échappement ou vivent confinés chez eux, confrontés aux polluants intérieurs ou à des maîtres qui fument.

Comment expliquez-vous l’explosion des cas d’obésité ?

Les animaux sont aujourd’hui plus sédentaires qu’avant, ils bougent moins et leurs maîtres ont souvent tendance à leur donner trop à manger. Pour un chat stérilisé de 4 kilos qui vit à l’intérieur, on estime qu’il ne faut pas plus de 50 g de croquettes allégées par jour. Or, certains en donnent le triple ou en remettent à volonté dans la gamelle.

De nombreux propriétaires refusent désormais d’utiliser des croquettes qu’ils assimilent à de la malbouffe

C’est très réducteur, car il y en a de très bonnes qui couvrent bien les besoins nutritionnels. D’autres sont de très mauvaise qualité, car elles sont par exemple produites à partir de farines ou de viandes ou poissons trop riches en minéraux qui perturbent la digestion et empêchent l’absorption d’autres nutriments. Mais il faut rappeler que lorsque les croquettes sont apparues il y a trente ans, elles ont permis de faire régresser les maladies, notamment le rachitisme, les carences en acides gras essentiels, en zinc et en vitamines. Depuis que certains propriétaires se détournent des croquettes, on revoit réapparaître des animaux carencés dans les cabinets vétérinaires.

Comment s’y retrouver dans les rayons ?

Personnellement, je me détournerais des produits les moins chers, car on ne peut pas faire de croquettes de qualité avec des ingrédients trop bon marché. Un tuyau : lisez l’étiquette. S’il n’y a pas un mode d’emploi correct avec des explications sur les proportions à fournir à son chat ou son chien, ce n’est pas sérieux.

La platée de riz et de viande cuisinée à l’ancienne dans la gamelle, ce n’est pas la panacée ?

Il faut fournir à son animal cinquante nutriments différents, et ce tous les jours pour que son alimentation soit équilibrée. Or, lorsqu’on fait la popote pour son chien à la maison, ce n’est jamais équilibré. Cela dit, la meilleure alternative pour ceux qui ont peur des croquettes est effectivement de cuisiner pour son chien ou son chat, mais en faisant calculer les portions par son vétérinaire.

Comme féculents, on peut utiliser du riz, des pommes de terre, des pâtes.

Comme légumes, des courgettes, des haricots, des carottes.

Et pour l’apport en protéines, du poulet, de la dinde, du poisson, voire des œufs. Mais il ne faut pas oublier d’ajouter de l’huile de colza et des compléments en minéraux et vitamines sous forme de poudre. Évitez en revanche la nouvelle mode qui consiste à donner de la viande crue. C’est totalement déséquilibré, souvent très gras et donc dangereux à moyen terme.

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